GINGERSNAP : QUAND LA MODE INTEMPORELLE ETABLIT DES PONTS ENTRE BALI ET PARIS…

Lorsque deux talents créatifs, authentiques et passionnés se rencontrent, nous pouvons nous attendre à des surprises… de belles surprises même.

Aujourd’hui le monde de la mode est coincé dans des codes stricts qui manquent de fantaisie – motivé par des exigences temporelles et le désir de copier les grandes marques.

Mais que se passerait-il si la mode pouvait être intemporelle tout en étant actuelle, sophistiquée, aventureuse et aussi minimaliste et toujours séduisante ?

C est exactement ce à quoi Jam et Jay ont travaillé sans relâches au cours des douze dernières années, pour créer l’univers de GINGERSNAP ! Jay, balinais de naissance, artiste danseur et spirituel, Jam, descendant de l’illustre musicien de jazz manouche Django Reinhardt, et de père algérien, nomade de la région désertique de l’Aures.

Aujourd’hui la marque a établi des standards singuliers en tant que marque de prêt-à-porter qui ne produit que des pièces intemporelles, en séries limitées ainsi que des classiques aux airs avant-gardistes qui plaisent au plus grand nombre.

ET Pourtant la singularité de GINGERSNAP se trouve ailleurs.

Derrière le succès de cette marque / boutique se cache le charisme de deux hommes, d’horizons bien différents mais tellement complémentaires – qui ont imaginé la mode comme spontanée, polyvalente, discrète et attrayante.

Dans notre article d’aujourd’hui, nous avons parlé avec les deux esprits qui ont créé une marque toujours chic mais jamais prétentieuse.


 

Pouvez vous nous dire l’essence de GINGERSNAP en trois mots ?

Jay: GINGERSNAP est chaleureux, magique et fabuleux.

Le mot GINGERSNAP est tiré de deux idées : GINGER, le gingembre, une sorte de médicament, chaud, qui peut vous donner une sensation de confort, et SNAP qui fait référence au toucher. On peut donc affirmer qu’avec GINGERSNAP, on donne une touche de chaleur aux gens, et à tous ceux et celles qui portent nos vêtements.
 

Jam : notre philosophie tourne autour du concept des vêtements conçus pour la ville, sophistiqués, pratiques et dans des teintes monochromes.

Lorsque nous avons créé GINGERSNAP il y a plus de douze ans, nous réalisions alors des robes de cocktails qui étaient très répandues à Bali. Nous sommes passés très rapidement à autre chose, laissant apparaître peu à peu notre véritable ADN.

En tant que directeur de la création chez GINGERSNAP, j’ai construit une marque qui fait écho à ce que je suis et qui reflète vraiment ma vision personnelle de la mode. Je suis amoureux des petits créateurs de boutiques. Je déteste la mode saisonnière, trop figée dans le temps, il lui manque une certaine liberté, hors GINGERSNAP est libre.

J’aime passer du temps seul, pour explorer des joyaux cachés quelque part lorsque je voyage et j’adore alors dénicher des pièces uniques. Aujourd’hui, nous fabriquons des vêtements urbains inspirés de la culture asiatique, et notre philosophie nous pousse à favoriser les séries limitées.

 

« GINGERSNAP est chaud, magique et fabuleux. » - Jay

 

Parlez nous du processus créatif de la fabrication des vêtements chez GINGERSNAP ?

Jay : nous créons selon notre humeur. Jam a des idées, il crée un prototype et me consulte ensuite pour avoir mon avis.

Nous fusionnons facilement et nous nous efforçons d’améliorer la collection a deux. Jam est très fort pour les couleurs, les imprimés, et les petits détails de finitions.

Parfois, je donne une touche finale au vêtement.

Nous collaborons depuis 2008, et j’ai beaucoup appris à ses côtés, il avait déjà une longue expérience dans la mode à paris avant son arrivée à Bali.

Mais, c’est étrange comme nous avons au final tous les deux les mêmes gouts et les mêmes envies.

Nous formons à nous deux, l’âme, la lumière, la personnalité de GINGERSNAP. Cela s’apparente à un sixième sens ou de la télépathie ! (rires).

 

« La touche finale est toujours importante. » - Jay

 

Jam : je commence très souvent par choisir un tissu. Il vient de Chine, d'Inde, d'Italie…

Je me dois de trouver d'abord et avant tout un tissu élégant et raffiné. Cela me vient des racines de l'enfance : quand j'avais 18 mois, je passais beaucoup de temps avec mes quatre soeurs et ma mère, et je me mettais à regarder sous les robes, les jupes et les dentelles. Ma mère avait vite compris que seuls les tissus m'intéressaient déjà. J'étais fasciné par la diversité des tissus, leurs couleurs et leurs touchers.

C'est comme cela que chez GINGERSNAP, après avoir trouvé un tissu a mon goût, j'imagine alors et seulement après, une forme, une idée de patron, un croquis approximatif….Parfois, je pense a des finitions de hautes coutures à adapter à nos vêtements, les rendant plus acceptables et portables. Je travaille en étroite collaboration avec nos stylistes et modélistes sur place.

« Il n'y a rien de plus démodable que la mode. » - Jam

 

Quelle collection a été vraiment spéciale pour vous ?

Jam : chaque année, j'ai toujours l'impression d'être arrivé à une collection plus aboutie.

C'est comme cela depuis plusieurs années, pourtant au bout de six mois, j'ai tendance à déjà me lasser et rêve de nouvelles matières.

Depuis deux ans maintenant, je m'intéresse aux nuances de noir, blanc, beige. Il existe un nombre impressionnant de nuances de blanc et de noir, et c'est fascinant !

L'année dernière, j'ai lancé une nouvelle collection capsule avec des vêtements en pure lin naturel, made in Italie, cette ligne appelée NATURAL, renferme une collection de vêtements homme et femme légèrement inspirée par le Japon et sa vision singulière de la mode.

Pouvez-vous nous présenter vos nouveaux projets de collection ?

Jay : la prochaine collection 2020/21 est très proche de la manière dont je m'habille en ce moment. Elle reflète ma vraie personnalité. Jam me dit : c’est tellement toi ! (rires)

Un mélange de culture japonais, avec des accents arabes, et toujours une touche balinaise.

Jam : cette nouvelle collection est plus sophistiquée encore. Les teintures, très spéciales, sont le rendu d'un procédé appelé Bio Wash, proche du stone Wash, ce procédé délave le vêtement en lui donnant des reflets ombragés. J'avais vu déjà cela chez John Varvatos, un designer américain, porté par Mick JAGGER. Du coup, le vêtement prend des airs vintage, usé, ayant déjà bien vécu !

Justement, pour la nouvelle collection… quel sera le tissu ?

Jay : nous travaillons souvent avec du lin pur, et aussi des cotons de différents grammages et textures. Cette année nous inaugurons un nouveau procédé de teinture apportant un effet recycle et vintage au tissu, ce procédé naturel sans chimie, délave doucement la couleur et lui donne un aspect noir, et ombrage très intéressant.

Jam : j'ai beaucoup aimé pour cette nouvelle collection en pleine conception, des matières molles, des tissus légers avec un tombé impeccable, effectivement un lin beige très fin, mais aussi un voile de coton avec lequel on peut jouer avec la transparence.

En général, où vous procurez vous vos accessoires et tissus ?

Jay : je dirais que 40% de la collection est en lin, différents lins plus ou moins épais, à motifs ou pas, 30% en rayonne, fabriqué ici à Bali dans des ateliers familiaux, et 20% de tissus importés plutôt d'Europe.

Jam : comme nous commençons par le choix des tissus, notre force repose largement sur l'approvisionnement des meilleurs tissus sourcés partout dans le monde et sur les salons. Je reçois d'ailleurs une multitude de catalogues d'échantillons de tissus par des agents marketing des grands magasins et entrepôts implantés en Indonésie.

Il y a un nouveau salon au Vietnam que j aimerai beaucoup visiter…

Pour les accessoires (boutons métalliques, boucles de certaines, zipper, beading), certains sont sourcés à Java, d'autres je les dessine et les fait fabriquer à Hong Kong ou en Chine.

Parlez moi de votre processus de fabrication de vêtements, est-il par exemple respectueux de l’environnement ?

Jay : nous utilisons des tissus exclusivement naturels, et nous avons tenté une nouvelle façon de teindre le tissu, cependant ce nouveau procédé n'est pas tout à fait biologique car nous sommes encore obligés d'utiliser des fixateurs chimiques afin que la couleur ne disparaisse pas au bout de quelques lavages.

Nous vérifions le sérieux de nos fournisseurs pour s'assurer qu'ils respectent leurs employés en Indonésie, et notre propre personnel a le droit au troisième mois, au crédit à 0% et à beaucoup plus de vacances que la moyenne nationale.

Jam : il y a longtemps, nous avions voulu introduire dans nos collections le tissu biologique, mais c'était trop couteux, Aujourd'hui, certaines de nos pièces sont réalisées en tissu fait à partir du bois de bambou, et nos teintures sont naturelles, respectueuses de l'environnement. Cette volonté de ne choisir que des matières toutes naturelles comme le dit Jay nous tient vraiment à cœur, même si leur coût est moins intéressant, nous refusons d'abîmer les peaux et l'état vibratoire de nos clients (rires).

Comment Bali et son univers influencent-ils vos créations ?

Jam : la Bali Touch vient de la personnalité de Jay bien évidemment, lui même balinais de naissance et très attaché a sa culture et à sa religion hindouiste, n’oublions pas qu’il est avant tout danseur de danse sacrée depuis son plus tendre âge, danses destinées à n’être interprétées que dans les temples hindouistes.

Jay est devenu chaman aujourd’hui, il pratique la méditation et il a des pouvoirs de guérisons.

J’ai remarque aussi qu’il m’apporte l’inspiration féminine, qui parfois me fait défaut, alors je le consulte. Je suis peut être le yang et lui de le yin de GINGERSNAP (rires) même si nous avons ces deux parts en nous bien sur.

Jay : GINGERSNAP n’est pas dissociable de Bali.

La marque est née ici quand j’ai rencontre Jam ici à Bali il a plusieurs années déjà.

GINGERNSAP a vraiment une âme balinaise, avec des accents universalistes inspirés de pays lointains.

Bali aura toujours une forte emprunte sur nos collections à venir …

Je suis danseur de danses sacrées balinaises à l’origine, et Bali respire sous ma peau.

Décrivez-moi l’homme GINGERSNAP, que fait-il, qui est-il ?

Jay : beaucoup de pièces unisexes, des volumes oversize, la frontière entre la femme et l’homme se fait très fine pour certains modèles, la femme prend des allures d’hommes parfois, et l’homme est d’une rare élégance. De toutes façon, l’homme GINGERSNAP est définitivement sophistique et minimaliste à la fois.

Jam : l’homme GINGERSNAP me ressemble beaucoup à vrai dire. (rires)

C’est un dandy des temps modernes, résolument assoiffé de mode, de tendances, de cultures, de lieux alternatifs. Il adore la nature, les trekkings, aventurier des nouveaux temps il cherche la nouveauté mais il a aussi des valeurs très enracinées et solides. Il fréquente, tout comme la femme GINGERSNAP, les lieux insolites où s’y mêlent artistes, poètes en tout genre, saltimbanques du cirque nouveau (comme ma grand-mère issue du cirque Bouglione), il préfère les médecines alternatives, la méditation et les soins du corps.

C’est un urbain, habillé de noir ou de gris, de blanc, flirtant avec les cultures d’Asie, il manie avec élégance les mots- presqu’en avant-gardiste, il déambule le long des avenues, il traine sur les quais embrumés, attendant un bateau, un ferry qui l’emportera je ne sais où…

Et la femme GINGERSNAP ?

Jam : elle est décontractée, sans tabou, libre, heureuse, elle rit très facilement car dans le fond elle est bonne vivante et aime les belles choses.

La femme GINGERSNAP ressemble à coup sûr à l’homme GINGERSNAP. Elle est aussi une espèce d’aventurière, aux allures rebelles, farouches. Elle combat pour toutes formes de libertés, démocraties. L’environnement et l’avenir de la planète l’intéressent, bref c’est une femme engagée.

J’aimerais que la femme sache exprimer sa sensualité et sa féminité sans excès. Il s’agit pour moi plus de suggestion de la sensualité, une séduction passive et discrète à la manière des actrices françaises Isabelle Huppert, Nathalie Baye ou Sophie Marceau, qui savent être très féminines sans provocation.

Jay : la femme GINGERSNAP aime sortir de sa zone de confort ! La nouvelle collection est inspirante pour les femmes, désireuses de découvertes, de rencontres, de voyages et de nouveaux looks.

Avez vous des références a des créateurs de mode ?

Jay : mes designers de référence restent Yoshi Yamamoto et Rick Owen

Ils m’influencent beaucoup oui ! (rires, Jaya est habillé en Yoshi !)

Jam : je dirais Alexander Mcqueen, il a su créer une mode hors du temps, sans frontières. A mi-chemin entre rêves et réalités !

Jean Paul Gautier m’inspire depuis mon adolescence. Ce sont les plus grands, nous avons Bowie en musique, Victor Hugo en littérature, et Mcqueen et Jean Paul Gautier pour la mode.

Et si GINGERSNAP était un genre musical ? Une musique

Jam : sans hésiter, Gharlotte Gainsbourg lorsqu’elle collabore avec ses amis DJ comme Alan Braxe pour faire de la musique électro. C’est une musique intemporelle et intelligente, comme celle de serge Gainsbourg.

Mais la femme GINGERSNAP a aussi un côté plus pop, et écoute volontier Clara Luciani qui a gagne les victoires de la musique en France, une sorte de nouvelle Françoise Hardy, aux allures androgynes.

Jay : pour moi, le genre de musique qui colle bien a l’univers de GINGERSNAP se situe entre le rock et le jazz, Mick Jagger, Rolling Stone, mais aussi Stacey Kent et Kimberose.

GINGERSNAP demain ? Comment imaginez-vous la suite ?

Jay : développer le marché avec la Russie qui adore nos collections.

Et aussi l’Europe, qui apprécie de plus en plus. Peut être aussi la création d’une collection capsule, plus délirante et farfelue, nous avons dénicher un tissu à plis qui promet des volumes incroyables,

Jam : avec le corona virus et son drame, j’ai du réfléchir plus que d’habitude… et nous avons décidé de maximiser notre site de vente en ligne. Nous avons donc signé avec une agence de communication française située à Bali pour relooker et optimiser nos réseaux sociaux et notre site Internet.

L’ouverture du nouveau site est prévue cet été 2020, avec la nouvelle collection qui arrive dans nos magasins.

Développer GINGERSNAP aussi via des pop-up stores dans les grandes villes comme Jakarta, Paris, La Réunion ?

Je rêve aussi d’un endroit où s’y mêleraient antiquités, déco, arts éphémères, pâtisseries de haut niveau et des spectacles de théâtre… puis qu’à mes heures perdues je m’essaye en comédien...

 

L’avenir ? C’est demain... Donc il faut le préparer des maintenant. Une chose est sure : nous resterons une petite marque de prêt-à-porter et jamais nous ne deviendrons grands comme beaucoup l’ont fait…